Publié le 03/07/2025

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Maquette d’un bâtiment tertiaire avec panneaux photovoltaïques, tablette et documents techniques sur la gestion énergétique et le stockage solaire.

Face aux objectifs ambitieux de décarbonation du secteur du bâtiment et à la montée des énergies renouvelables intermittentes, le stockage d’énergie s’impose comme un levier stratégique. Pour les gestionnaires de bâtiments tertiaires, il permet de mieux maîtriser la consommation, d’optimiser les coûts et de renforcer l’autonomie énergétique. Mais quelles sont les technologies disponibles ? Quel est le cadre réglementaire ? Et surtout, quels bénéfices concrets en attendre ?

Un contexte énergétique en mutation

Depuis 2021, les prix de l’énergie sont devenus instables, impactés par les tensions géopolitiques, la volatilité des marchés et la transformation du mix énergétique. Le stockage d’énergie apporte une réponse à cette instabilité. Il permet de lisser les pics de consommation, d’absorber les hausses tarifaires et de sécuriser l’approvisionnement. Dans un contexte où la flexibilité devient aussi importante que la sobriété, il devient un outil indispensable.

Les limites des réseaux sans stockage

La conception des réseaux électriques ne permet pas de gérer efficacement les productions locales intermittentes comme le solaire ou l’éolien. Sans solution de stockage, ces énergies renouvelables peuvent déstabiliser l’équilibre offre-demande. Pour les bâtiments tertiaires, cela se traduit par une exposition à des hausses tarifaires lors des pics de consommation et par une impossibilité de tirer pleinement parti de l’autoproduction.

Lien avec le décret tertiaire

Le décret tertiaire, en vigueur depuis 2019, impose aux bâtiments de plus de 1 000 m² une réduction progressive de leur consommation d’énergie finale : -40 % d’ici 2030, -50 % en 2040 et -60 % en 2050. Le stockage est un allié dans l’atteinte de ces objectifs. Il permet de réduire les appels de puissance, d’optimiser les consommations selon les périodes tarifaires et d’intégrer plus efficacement les énergies renouvelables locales.

Les batteries lithium-ion

Compactes, durables et performantes, les batteries lithium-ion sont aujourd’hui les plus utilisées dans les bâtiments. Elles assurent un stockage infra-journalier, idéal pour décaler la consommation ou optimiser l’autoconsommation. Leur format modulaire et leur compatibilité avec les systèmes photovoltaïques facilitent leur déploiement.

STEP, air comprimé, volants d’inertie : quels usages pour le tertiaire ?

Certaines technologies comme les stations de transfert d’énergie par pompage (STEP) ou le stockage par air comprimé (CAES) sont efficaces à grande échelle, mais peu adaptées aux contraintes des bâtiments urbains. Les volants d’inertie, eux, conviennent mieux aux besoins ponctuels de forte puissance sur de très courtes durées (quelques secondes). Ils sont intéressants dans des cas très spécifiques, comme des salles serveurs ou sites critiques.

Batteries intelligentes et EMS : vers des systèmes de stockage connectés

Les systèmes modernes ne se contentent plus de stocker : ils communiquent. Intégrés à un Energy Management System (EMS), les batteries deviennent intelligentes. Elles adaptent leurs cycles de charge et de décharge en fonction des prévisions météo, des prix de l’électricité et de l’occupation des locaux. Couplées à une GTB (Gestion Technique du Bâtiment), elles participent à l’automatisation énergétique globale du site.

Photovoltaïque + batteries : valorisation de l’électricité solaire

Le couplage de panneaux photovoltaïques à un système de stockage permet de consommer une part bien plus importante de l’électricité produite sur site. Cette électricité, non utilisée en temps réel, est stockée puis consommée ultérieurement, par exemple en soirée ou tôt le matin. Cela maximise le taux d’autoconsommation et réduit significativement la dépendance au réseau.

Réduction de la dépendance au réseau et stabilité tarifaire

Le stockage assure une meilleure maîtrise budgétaire. Il permet d’éviter les pics tarifaires et d’optimiser la consommation durant les heures creuses. En cas de délestage du réseau ou de défaillance, un système bien dimensionné permet également d’assurer la continuité d’alimentation, un atout essentiel pour des sites sensibles ou fortement occupés.

Autoconsommation collective : une piste à explorer

Dans les zones tertiaires denses, plusieurs bâtiments peuvent mutualiser leurs installations via une opération d’autoconsommation collective. Le stockage, dans ce cas, devient un point d’équilibre. Il permet de redistribuer l’énergie entre les différents consommateurs selon leurs profils de consommation, améliorant ainsi la rentabilité du projet et l’équité énergétique.

Optimisation des coûts et réduction de la facture énergétique

Grâce au stockage, les bâtiments évitent les dépassements de puissance souscrite et bénéficient de tarifs plus avantageux. En réduisant la part d’énergie achetée au réseau, ils amortissent rapidement leur investissement. Selon l’ADEME, les gains peuvent atteindre jusqu’à 30 % de la facture annuelle dans certains cas.

Flexibilité énergétique et gestion des pics de charge

Les entreprises peuvent intégrer leur batterie dans des mécanismes de flexibilité (effacement, participation aux appels d’offres de RTE). En valorisant leur capacité à moduler leur consommation, elles perçoivent une rémunération tout en contribuant à la stabilité du réseau. Cette approche transforme un poste de dépense en centre de profit.

Un retour sur investissement mesurable

Même si le coût initial d’un système de stockage reste élevé (environ 500 à 800 €/kWh installé), les aides publiques telles que les CEE, les subventions locales ou les dispositifs du Fonds vert peuvent réduire la facture de 30 à 60 %. Le retour sur investissement se situe en moyenne entre 4 et 7 ans selon les usages.

Intégration aux systèmes GTB et contraintes d’infrastructure

Avant tout déploiement, une étude de faisabilité est indispensable. L’intégration doit tenir compte de l’espace, de la ventilation, du câblage et des protections électriques. Une supervision via GTB est fortement recommandée pour assurer la performance et la sécurité.

Sécurité des installations : normes, incendie, maintenance

Le stockage d’énergie implique des risques : échauffements, courts-circuits, dégagements de gaz. Il est donc crucial de respecter les normes en vigueur (NF C15-100, CEI 62619) et d’installer les batteries dans un local dédié, avec détection d’incendie et coupure automatique. Une maintenance régulière permet d’anticiper tout dysfonctionnement.

Quelle réglementation encadre le stockage dans les bâtiments tertiaires ?

Selon leur puissance et leur usage, certains systèmes sont soumis à autorisation ICPE. D’autres peuvent être déclarés en autoconsommation via la plateforme Enedis. Le stockage peut aussi être intégré dans les outils de suivi énergétique requis par le décret tertiaire (plateforme OPERAT).

Vers une convergence stockage, GTB et smart building

Le stockage s’intègre désormais dans une vision plus large du bâtiment intelligent. Couplé à des systèmes prédictifs, à l’intelligence artificielle et à la data issue de capteurs, il permet une gestion proactive de l’énergie. Le bâtiment devient capable d’anticiper ses besoins et d’interagir en temps réel avec le réseau.

Un investissement stratégique pour une exploitation durable

Outre les bénéfices économiques, le stockage contribue à améliorer la résilience énergétique des entreprises. Il valorise le patrimoine immobilier, prépare les bâtiments aux futures obligations réglementaires et améliore les indicateurs RSE (réduction des GES, amélioration du score ESG).

Accès aux aides financières et subventions disponibles

Des dispositifs comme les CEE, le Plan solaire 2024, le guichet ouvert à 500 kWc ou le Fonds vert sont mobilisables. Ils permettent d’abaisser considérablement le coût d’investissement, tout en soutenant les objectifs nationaux de transition énergétique.

Pourquoi le stockage d’énergie est-il important pour les bâtiments tertiaires ?

Il permet de réduire la dépendance aux fluctuations du réseau et d’optimiser la consommation énergétique. En stockant l’électricité aux heures creuses ou issues de sources renouvelables, le bâtiment gagne en autonomie, en maîtrise budgétaire et en conformité avec les objectifs de réduction fixés par le décret tertiaire.

Quelles sont les principales technologies de stockage adaptées au secteur tertiaire ?

Les batteries lithium-ion sont les plus couramment utilisées : compactes, modulaires et performantes, elles sont bien adaptées aux bâtiments. Les volants d’inertie peuvent convenir dans des cas spécifiques (besoins très ponctuels), tandis que les systèmes intelligents couplés à un EMS améliorent la gestion énergétique globale.

Le stockage d’énergie est-il rentable pour un bâtiment tertiaire ?

Oui, la rentabilité est réelle, surtout avec l’optimisation des appels de puissance et l’autoconsommation. Les économies peuvent aller jusqu’à 30 % de la facture annuelle, avec un retour sur investissement généralement compris entre 4 et 7 ans selon les usages et les aides reçues.

Quelles aides financières sont disponibles pour l’installation de systèmes de stockage ?

Plusieurs dispositifs existent : les Certificats d’Économie d’Énergie (CEE), des subventions locales, le Fonds vert ou encore le Plan solaire 2024. Selon les cas, ces aides peuvent couvrir de 30 à 60 % de l’investissement initial.