publié le 31 mai 2022


Un gazoduc qui tombe à pic
En projet depuis 2009, la Pologne et la Lituanie ont inauguré ce jeudi 05 mai le gazoduc GIPL (Gas Interconnection Poland-Lithuania ), d’une grande puissance stratégique. Reliant Holowczyce et Jauniūnai, il fait 508km, et fonctionne dans les 2 sens. Le chantier a démarré en 2020, pour un coût de 500 millions d’euros, largement soutenu par l’Union européenne. Il pourra délivrer 2 milliards de mètres cube de gaz par an dans les 2 directions, et couvrir environ 10% de la demande de gaz polonaise.
Prévu bien avant la guerre, la mise en marche du gazoduc tombe néanmoins à pic, seulement quelques jours après que la Russie a cessé ses approvisionnements en gaz vers la Pologne et la Bulgarie.
« Aujourd’hui, nous consacrons notre indépendance énergétique », a déclaré le président lituanien Gitanas Nauseda, lors d’une cérémonie officielle organisée à Jauniūnai, près de Vilnius, réunissant des hauts responsables de Pologne et des pays baltes.
Les pays baltes (la Lettonie, l’Estonie et la Finlande), avaient d’ailleurs également stoppé leurs importations russes début avril. Grâce aux réseaux gaziers déjà existants, les 3 pays sont désormais reliés à la Pologne.
« Cet interconnecteur constitue une réponse au chantage » énergétique exercé par Moscou a déclaré le président Polonais Andrzej Duda lors de la cérémonie officielle.
Kadri Simson, Commissaire Européen de l’énergie, a rappelé que « Si nous voulons encore renforcer notre sécurité énergétique, la prochaine étape est la synchronisation des réseaux électriques. (…) C’est une priorité qu’il faut mettre en œuvre de toute urgence. Nous ne pouvons pas avoir un pays de l’UE qui dépend d’un pays tiers. Surtout celui qui n’est pas fiable »
Prévu initialement à l’horizon 2025, le raccordement électrique des 3 pays Baltes au reste de l’Union Européenne devrait donc être le prochain projet d’envergure.

Baltic Pipe finalement de retour
Suspendu pour raisons environnementales, un autre projet devrait finalement voir le jour d’ici peu : il s’agit de Baltic Pipe, le gazoduc sous-marin stratégique entre la Norvège et la Pologne, qui traversera le Danemark.
Il partira de Varsovie pour aller se brancher sur Europipe II en mer du nord, le gazoduc reliant la Norvège à l’Allemagne. Il pourra ainsi chaque année transporter 10 milliards de mètres cube de gaz de la Norvège à la Pologne, et 3 milliards de mètres cube dans le sens inverse. Il devrait ainsi pouvoir couvrir 60% des importations polonaises de gaz Russe.
Son inauguration est prévue en octobre 2022, pour une mise en service à pleine capacité au 1er janvier 2023.
Cette connexion devrait permettre à plusieurs pays Européens reliés à la Pologne de diversifier également leurs sources d’approvisionnement, comme la République Tchèque ou la Slovaquie.
Et le reste de l’Europe ?
L’Europe, dont le plan initial était de se passer du gaz russe à l’horizon 2030, se prépare aujourd’hui à la possibilité d’une coupure prochaine des importations de gaz Russe, en réponse à leur refus de payer leurs factures en roubles. À l’heure actuelle, « nous continuons à payer selon les termes du contrat», déclare Catherine MacGregor, directrice d’ENGIE. Elle juge par ailleurs qu’un arrêt des livraisons russes prochainement est « plausible ».
Pour faire face à ce scénario, l’Europe a décidé de réduire de deux tiers ses importations de gaz Russe d’ici l’hiver prochain, et a massivement augmenté ses importations de GNL (Gaz naturel liquéfié) depuis le début de la guerre, tout en cherchant à développer des alternatives au gaz Russe.
Un bouleversement de fond en comble de la stratégie gazière de l’Europe, avec pour résultat un essor du GNL, les autres fournisseurs par gazoduc de l’Europe (Algérie, Azerbaïdjan, Norvège…) livrant déjà au maximum de leur capacité.
Ainsi le 25 mars était signé un accord américano-européen, permettant des livraisons supplémentaires de 15 milliards de mètres cube supplémentaires cette année, avec pour objectif 50 milliards de mètres cube par an, au moins jusqu’à 2030.
Par ailleurs ce vendredi 06 mai, Ursula Von Der Leyen a relancé le débat autour de Midcat, un projet de gazoduc reliant l’Espagne et Bruxelles en traversant le sud-est de la France. Un projet jugé « crucial » par la présidente de la Commission Européenne. L’Espagne possède en effet 6 terminaux gaziers, le réseau le plus important d’Europe. En insistant sur RePower UE, le plan validé par les 27 pour une émancipation de sa dépendance russe, elle souligne : « Nous privilégierons les projets transfrontaliers, comme par exemple la liaison cruciale entre le Portugal, l’Espagne et la France ».

Ce projet, initialement annulé en 2019, devrait donc être repris prochainement et permettre à terme une diversification des sources de GNL pour plusieurs pays d’Europe.
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