publié le 23/03/2023
Temps de lecture : 5 minutesLe Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) propose depuis plus de 30 ans des évaluations sur l’état des connaissances sur l’évolution du climat, ses impacts et les solutions pour limiter le réchauffement climatique, tout en s’adaptant aux changements prévus.
Fruit d’une collaboration internationale de 195 pays membres, la publication du sixième rapport d’évaluation a eu lieu ce lundi 20 mars 2023. Ce dernier rapport synthétise les connaissances scientifiques acquises entre 2015 et 2021 sur le changement climatique. Il sera utilisé comme base scientifique pour le premier examen global de l’Accord de Paris, qui se tiendra lors de la COP28 à Dubaï en fin d’année 2023.
Nous en avons retracé les points saillants pour vous proposer un aperçu des thèmes abordés qui seront repris lors des prochaines négociations internationales sur le climat.
Les gaz à effet de serre en augmentation
Le rapport du GIEC débute avec un rappel de l’augmentation sans précédent des émissions de gaz à effet de serre, causant un réchauffement de la surface de la Terre d’environ 1,1°C, dont 1,07° sont dûs aux activités humaines depuis l’ère préindustrielle (1850-1900).
Cette augmentation a déjà entrainé des conséquences graves :
- Les océans se sont plus réchauffés sur les 100 dernières années qu’en 11 000 ans, et la fonte des glaces a déjà entrainé une augmentation du niveau de la mer de 20 centimètres depuis 1900 ;
- Le CO2 atteint un record de concentration dans l’atmosphère depuis 2 millions d’années, ainsi que l’accélération de la fonte des glaces. Dont certains impacts ont été déjà déclarés irréversibles, comme la hausse du niveau de la mer qui continue à être imperturbable.
Malgré tous les efforts actuellement déployés, l’estimation du GIEC prévoit que le réchauffement de la planète atteindra 1,5 °C dès le début des années 2030, alors que le scénario idéal était d’atteindre ces +1,5° en 2100.
Le but de maintenir le réchauffement à +1,5° ou de le limiter à 2 °C sera seulement possible en ramenant dans un délais court les émissions mondiales nettes de CO2 à zéro et en réduisant fortement les autres émissions de gaz à effet de serre. En continuant sur cette lancée, c’est à présent une augmentation de 3,2° qui sera atteinte en 2100 selon le rapport.
Les risques climatiques et non climatiques
Les perturbations du système climatique représentent tant des risques environnementaux que des risques non-climatiques, avec des effets graves que ce soit sur les écosystèmes ou sur les sociétés humaines. Le dernier rapport du GIEC mentionne certaines des manifestations climatiques les plus inquiétantes :
- L’augmentation des événements météorologiques extrêmes, notamment les sécheresses, les vagues de chaleur, les inondations, les incendies et les cyclones tropicaux qui exposent des millions de personnes à de graves problèmes de sécurité alimentaire et hydrique ;
- La biodiversité qui est de plus en plus menacée en raison d’une véritable crise globale qui porte atteinte à la vie des milliers d’espèces animales et végétales ;
- Le niveau des risques sanitaires est en hausse avec une augmentation de la mortalité liées aux vagues de chaleur, aux maladies et aux pénuries alimentaires et d’eau.
La vulnérabilité des pays les moins responsables
Un des grands thèmes du rapport du GIEC a été constitué de la question de la responsabilité des pays vis-à-vis de ce phénomène.
Bien que le changement climatique soit dû aux activités humaines, chaque pays n’a pas eu le même impact sur cette crise globale. Les pays les plus riches sont ceux qui ont fortement affecté le réchauffement climatique, avec une contribution disproportionnée aux émissions des gaz à effet serre.
Selon le rapport, « Les 10 % de ménages ayant les émissions par habitant les plus élevées contribuent à 34-45 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. »
A contrario, ceux qui ont le moins contribué au réchauffement climatique sont justement ceux qui subissent les conséquences les plus graves de cette crise. La mortalité due aux inondations, à la sécheresse et aux tempêtes, par exemple, a été jusqu’à 15 fois plus élevée dans les pays du Sud du globe au cours de la dernière décennie.
Comme l’indique le rapport, les facteurs d’inégalités dues au genre, à l’appartenance ethnique, aux faibles revenus, au handicap, à l’âge et aux modèles historiques et permanents d’inégalité tels que le colonialisme » exacerbent les risques climatiques, « en particulier pour de nombreux peuples autochtones et communautés locales ».
Energie : la démarche vers le renouvelable
Sur le point de vue énergétique, le GIEC rappelle qu’une des principales sources de gaz à effet de serre est la combustion d’énergies fossiles qui provient, notamment, des centrales à charbon et des véhicules thermiques.
Selon le GIEC, avec l’emploi des infrastructures existantes pour la production d’énergie, il ne sera pas possible de limiter le réchauffement à 1,5°C. Il faudra arrêter l’exploitation des combustibles fossiles, en accélérant le développement massif des énergies renouvelables qui représentent le plus fort potentiel de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Les investissements récents dans les sources d’énergie ont entraîné des avancées significatives, notamment dans l’énergie solaire et éolienne. Les coûts de ces deux formes d’énergie ont connu une baisse respective de -85% et -55% entre 2010 et 2019.
La France s’engage
Selon le GIEC, les connaissances, les outils et les capitaux mondiaux dont nous disposons peuvent être décisifs pour faire face à l’urgence climatique. Tout cela sera seulement possible en engageant une véritable transformation de nos sociétés, en adoptant des mesures cruciales dans tous les secteurs.
Christophe Béchu, Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires de France, déclare ainsi « Le dernier rapport du GIEC nous le rappelle : le changement climatique est une menace pour le bien-être humain et la santé de la planète. Nous devons donc accélérer nos actions pour anticiper au maximum les risques que le changement climatique fait peser sur nos territoires. Les conclusions du GIEC seront la base sur laquelle nous allons fonder les travaux pour le 3e plan national d’adaptation au changement climatique. Le déni n’est plus possible. »
Toutes les solutions proposées par le GIEC sont en adhérence avec la stratégie énergétique à laquelle la France s’est engagée, et dont les quatre piliers sont constitués par la sobriété énergétique, l’efficacité énergétique, l’accélération du développement des énergies renouvelables et la relance du nucléaire.
Agnès Pannier-Runacher, Ministre de la Transition énergétique, s’est exprimée à ce sujet avec un rappel à l’action, au niveau national, pour l’accélération des renouvelables et pour la relance du nucléaire.
Parmi les mesures mises en place par la France : la stratégie nationale bas-carbone (SNBC) vise à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 et le plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC) pour faire face aux conséquences du changement climatique pourraient être déterminantes pour l’avenir.
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Sources :
Anne, B. (2023b, mars 22). Publication du 6e rapport de synthèse du GIEC. Ministères Écologie Énergie Territoires. https://www.ecologie.gouv.fr/publication-du-6e-rapport-synthese-du-giec
M. (2023, 20 mars). Synthèse du rapport du GIEC : l’urgence climatique est là, les solutions aussi – Réseau Action Climat. Réseau Action Climat. https://reseauactionclimat.org/synthese-du-rapport-du-giec-lurgence-climatique-est-la-les-solutions-aussi/