Publié le 11/06/2024
Temps de lecture : 4 minutesChaque mois, lorsque vous recevez votre facture d’électricité, vous vous concentrez principalement sur votre consommation en kilowattheures (kWh) d’énergie active. Mais ce que beaucoup d’entre vous ignorent, c’est qu’en plus de la puissance active que vous utilisez consciemment au quotidien, il existe un autre élément à prendre en compte : la puissance réactive.
Lorsque vous allumez une lampe, faites tourner un moteur ou chauffez votre maison, c’est la puissance active qui entre en jeu. C’est celle que vous payez directement à votre fournisseur d’électricité. Mais ce n’est pas tout. En parallèle, vous consommez également de l’énergie réactive, une forme d’énergie souvent oubliée, mais qui joue un rôle crucial dans le bon fonctionnement de votre système électrique.
Qu’est-ce que la puissance réactive ?
La puissance réactive est une composante de la puissance électrique dans un circuit alternatif. Elle représente la partie de la puissance qui fait des va-et-vient entre la source et la charge, sans effectuer de travail utile. Contrairement à la puissance active, la puissance réactive se manifeste par des échanges d’énergie entre les éléments capacitifs et inductifs d’un circuit.
Dans un circuit électrique, la puissance réactive est nécessaire pour créer et maintenir les champs électromagnétiques dans les équipements tels que les moteurs électriques, les appareils électroniques, les équipements de chauffage électrique, etc. Ces éléments consomment de l’énergie réactive sans pour autant la convertir en travail mécanique ou autre forme d’énergie utile.
Mesurée en volt-ampères réactifs (VAR), la puissance réactive est souvent représentée dans les diagrammes de puissance sous forme de triangle de puissance, où elle forme un côté perpendiculaire à la puissance active (en watts) et représente la réactivité du circuit.
Nb : La puissance active et la puissance réactive forment ensemble la puissance apparente, qui représente la quantité maximale d’électricité qu’un consommateur peut utiliser à un moment donné. En d’autres termes, c’est la puissance souscrite dans le contrat d’électricité.
Les appareils qui consomment de l’énergie réactive
Dans les usages domestiques, des appareils comme les ordinateurs, les réfrigérateurs, les congélateurs et les climatiseurs utilisent de l’énergie réactive pour fonctionner.
Dans l’industrie et les ateliers professionnels, de nombreux équipements consomment également de l’énergie réactive, notamment les lampes fluorescentes ou à décharge, les moteurs, les appareils de froid (groupes frigorifiques, réfrigérateurs professionnels, etc.), et le chauffage par induction (four à induction, four à arc, etc.).
Certains équipements ont une consommation particulièrement élevée en énergie réactive, comme les moteurs à faible charge, les fours à arc et à induction utilisés dans la sidérurgie, les machines à souder et les redresseurs de puissance.
Il est important de noter que les appareils à résistance, tels que les fours à résistance, dont le facteur de puissance (cos ϕ) est de 1 n’ont pas besoin d’énergie réactive pour fonctionner. En revanche les appareils qui ont un facteur de puissance (cos ϕ) inférieur à 1, nécessitent une certaine quantité d’énergie réactive pour compenser le déphasage entre la tension et le courant.
Comment calculer la puissance réactive d’un appareil ?
La puissance réactive d’un appareil électrique mesure la quantité d’énergie qui revient au réseau sans être convertie en travail utile. Voici comment la calculer :
Q = U × I × sin ϕ
Où :
- Q est la puissance réactive en VAR (Volt-Ampère Réactif)
- U est la tension électrique en volts (V)
- I est l’intensité du courant en ampères (A)
- ϕ est le déphasage en degrés (°)
Plus l’appareil a besoin d’énergie réactive, plus il demandera de courant, ce qui peut faire augmenter la facture d’électricité.
Pourquoi la puissance réactive est-elle facturée ?
La puissance réactive, bien qu’elle ne soit pas directement consommée par les appareils électriques, elle est pourtant facturée par les fournisseurs d’électricité car elle impacte négativement le réseau.
En effet, elle peut entraîner des surcharges en provoquant une surchauffe des câbles et des transformateurs, ce qui réduit leur durée de vie et augmente les risques de pannes. De plus, le transport de l’énergie réactive sur le réseau entraîne des pertes d’énergie supplémentaires et peut perturber la qualité de l’électricité en provoquant des fluctuations de tension et des scintillements.
Ces problèmes nécessitent des investissements et des actions de gestion supplémentaires de la part des gestionnaires de réseau, ce qui se traduit par des coûts supplémentaires répercutés sur les factures des clients.
Certains fournisseurs d’électricité choisissent de facturer la puissance réactive à leurs clients, tandis que d’autres l’incluent dans le prix de l’abonnement. Cette mesure vise à inciter les consommateurs à limiter leur consommation d’énergie réactive, contribuant ainsi à la stabilité et l’efficacité du réseau électrique.
Comment peut-on compenser la puissance réactive ?
Minimiser vos besoins en puissance réactive permet d’optimiser votre consommation d’électricité, de réduire votre facture et de contribuer à un réseau électrique plus stable. Voici quelques conseils :
- Privilégiez des appareils à haut facteur de puissance (FP) : le FP est un indicateur de l’efficacité énergétique d’un appareil. Plus le FP est élevé (proche de 1), plus l’appareil est efficace et moins il produit d’énergie réactive. Optez pour des appareils avec un FP supérieur à 0,9 lors de vos prochains achats.
- Installez des compensateurs d’énergie réactive : ces dispositifs stockent l’énergie réactive produite par vos appareils et la restituent au réseau au moment opportun, réduisant ainsi la surcharge du réseau. Il s’agit d’une solution particulièrement adaptée aux installations industrielles ou aux bâtiments tertiaires avec une consommation d’énergie réactive importante.
- Optez pour des appareils avec une classe énergétique performante : les appareils électroménagers et électroniques modernes sont souvent conçus pour être plus efficaces, ce qui signifie qu’ils nécessitent moins d’énergie réactive pour fonctionner. Recherchez donc les appareils avec une classe énergétique élevée, comme A++ ou A+++, car ils sont plus économes en énergie et contribuent à réduire votre consommation d’énergie réactive.
- Adoptez des éco-gestes simples au quotidien pour contribuer à réduire votre consommation d’énergie réactive :
- Éteignez les lumières et les appareils lorsque vous ne vous en servez pas.
- Retirez les chargeurs et les appareils en veille des prises de courants lorsqu’ils ne sont pas utilisés.
- Favorisez les ampoules LED aux ampoules fluorescentes.
- Effectuez un entretien régulier de vos appareils électriques.
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