publié le 04/01/2024

Temps de lecture : 8 minutes

Les points importants

CORROSION : EDF PROLONGE DES ARRETS EN 2024 ET 2025

EDF envisage de prolonger les arrêts planifiés de cinq réacteurs nucléaires en 2024 et 2025, chacun pouvant être suspendu pendant 30 jours supplémentaires pour des opérations liées à la corrosion sous contrainte, selon un communiqué publié mercredi dernier. Cette décision intervient à la suite du retour d’expérience des contrôles et réparations réalisés en 2023 sur les réacteurs liés à ce phénomène. En 2022, la détection de la corrosion sous contrainte avait entraîné un arrêt sans précédent de plusieurs réacteurs, contribuant à des niveaux historiquement bas de production atomique d’EDF au cours d’une période de crise énergétique.

Malgré ces prolongations et les défis industriels significatifs, EDF maintient ses objectifs de production nucléaire pour 2024 (315 à 345 TWh) et 2026 (335 à 365 TWh), tout en exprimant le souhait de remonter à une production annuelle d’environ 400 TWh. Entre 2002 et 2021, le parc nucléaire français a maintenu une moyenne annuelle de production de 402 TWh.

Les réacteurs concernés par les prolongations en 2024 comprennent Blayais 1, Blayais 4, Bugey 5, Cattenom 4, Chinon 2, Civaux 1, Dampierre 2, Dampierre 4, Flamanville 1, Paluel 1, Paluel 3, Penly 1 et Penly 2. En 2025, les réacteurs concernés sont Blayais 4, Bugey 2, Cattenom 1, Chinon 1, Chooz 1, Civaux 2, Cruas 1, Dampierre 1, Flamanville 1, Golfech 2, Gravelines 1, Gravelines 6 et St-Laurent 1.

MISE EN SERVICE DE L’EPR DE FLAMANVILLE EN 2024

EDF a confirmé son engagement à mettre en service le réacteur nucléaire EPR de Flamanville de 1,6 GW à mi-2024, suivant son calendrier révisé. Le chargement du combustible est prévu en mars, avec le premier couplage au réseau électrique également prévu à cette période. Bien que l’EPR ait connu un retard de douze ans par rapport au calendrier initial et des dépassements budgétaires considérables, EDF prévoit une production de 14 TWh jusqu’à son arrêt planifié en 2026. Cet arrêt, pour une visite complète de l’EPR, devrait durer plusieurs mois. Des essais seront réalisés après le premier raccordement au réseau, soumis à l’approbation de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), bien que la date de démarrage de l’EPR de Flamanville n’ait pas encore été approuvée par le gendarme du nucléaire.

ENVIRONNEMENT

En 2023, les émissions de gaz à effet de serre (GES) en France ont continué de diminuer, enregistrant une baisse de 4,6% au cours des neuf premiers mois par rapport à la même période en 2022, selon le Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa). Les principaux contributeurs à cette baisse sont l’industrie (-9,3%), la production d’énergie (-9,4%), et les bâtiments (-7,5%), tandis que les transports ont contribué modestement avec une réduction de 1,8%. Le secteur industriel a été fortement impacté par la crise énergétique, et la production d’énergie a bénéficié de la croissance des moyens de production électrique décarbonés. Malgré cette tendance positive, le secteur aérien a enregistré une augmentation des émissions, avec +21% pour les vols domestiques et +27% pour les vols internationaux. La France s’est engagée à réduire ses émissions de GES de 50% d’ici 2030.

Les marchés de l’énergie


Electricité :

La France a récemment atteint un nouveau record historique en matière d’exportation d’électricité, un an seulement après avoir été importatrice en décembre 2022. Le 22 décembre, le pays a exporté une capacité impressionnante de 18 680 mégawatts (MW) d’électricité à ses voisins, surpassant ainsi le précédent record de février 2019, qui était de 17 415 MW. Cette réalisation notoire a été saluée par le gestionnaire du réseau de transport d’électricité français RTE, confirmant les prévisions optimistes sur la sécurité d’approvisionnement en électricité pour l’hiver 2023-2024.

RTE a attribué ce succès à plusieurs facteurs, notamment une diminution de la demande nationale d’électricité et une amélioration de la disponibilité du parc nucléaire français. La remise en service de nombreux réacteurs nucléaires, qui étaient à l’arrêt en 2022 en raison de problèmes de corrosion, a contribué à dynamiser la production. De plus, des coûts de production compétitifs ont été soulignés, résultant de la relance du parc de production français.

La demande intérieure modérée, en partie due aux vacances en cours, a également joué un rôle essentiel dans la réalisation de ce record d’exportation. RTE a expliqué que la météo clémente des derniers jours, caractérisée par des températures douces, a réduit la nécessité de consommer davantage d’électricité pour le chauffage. Ces conditions favorables ont conduit à une disponibilité accrue du parc nucléaire, et RTE a rassuré que tous les indicateurs de sécurité d’approvisionnement en électricité évoluent positivement, avec la possibilité d’atteindre une disponibilité maximale de 50 GW en janvier 2024, soit 6 GW de plus qu’en janvier 2023.

Baseload 2025

Prix de clôture du  03/01/2024 :
89,79 €/MWh

Variation depuis le  27/12/2023 :
-7,82 %

Baseload 2026

Prix de clôture du 03/01/2024 : 87,60 €/MWh

Variation depuis le  27/12/2023 :
-2,45 %

Baseload 2027

Prix de clôture du 03/01/2024 :
81,00 €/MWh

Variation depuis le 27/12/2023 :
-3,31 %

Baseload 2028

Prix de clôture du 03/01/2024 :
74,25 €/MWh

Variation depuis le 27/12/2023 :
-2,02 %

Peakload 2025

Prix de clôture du 03/01/2024 :
109,25 €/MWh

Variation depuis le 27/12/2023 : -5,94 %

Peakload 2026

Prix de clôture du 03/01/2024 : 110,24 €/MWh

Variation depuis le  27/12/2023 : -6,69 %

Peakload 2027

Prix de clôture du 03/01/2024 :
99,75 €/MWh

Variation depuis le  27/12/2023 : –3,41 %

Peakload 2028

Prix de clôture du 03/01/2024 :
94,00 €/MWh

Variation depuis le  27/12/2023 : -1,07 %

Gaz naturel : 

Les prix du gaz en Europe ont atteint leur plus bas niveau depuis plus de trois mois, en raison de prévisions de températures moins froides que prévu. Le contrat à un mois sur la plateforme néerlandaise TTF est actuellement à 32 euros/MWh, en baisse de 1,65 euros par rapport au règlement précédent, marquant son plus bas niveau depuis le 7 septembre. Malgré une récente hausse liée aux prévisions d’affaiblissement du vortex polaire en janvier, les dernières données indiquent un impact probablement limité et temporaire en Europe. Bien que des températures plus froides soient attendues en Europe centrale, les stocks abondants de gaz, la demande limitée de GNL en Asie et la reprise du transport par la route de la mer Rouge exercent une pression à la baisse sur les prix du gaz. Les stocks européens sont remplis à 87%, et les flux de gazoducs norvégiens et de GNL vers le continent montrent des signes de stabilité et de hausse.

En ce dernier trimestre de l’année 2023, la conjoncture sur le marché du gaz présente des conditions particulièrement favorables. Depuis le mois d’octobre, les prix régressent de manière constante, sous l’influence de fondamentaux exceptionnels. Les risques actuels sont gérés de manière adéquate, ce qui se traduit par des prix du Calendaire24 inférieurs à ceux du Calendaire25, une configuration relativement inhabituelle sur les marchés.

Stabilité des tarifs du gaz malgré l’augmentation de la taxation

Malgré une augmentation significative de la taxe intérieure de consommation sur le gaz naturel (TICGN) de 8,37 euros à 16,37 euros par mégawattheure (MWh) à partir du 1er janvier, le prix du gaz reste stable. Cette hausse, qualifiée de « quasiment indolore » par le gouvernement, résulte de la décision d’ajuster l’accise sur le gaz en profitant de la baisse des cours mondiaux. Cette mesure devrait générer 1,9 milliard d’euros de recettes en 2024, entièrement dédiées à la transition écologique et au soutien des ménages, selon le ministère des Finances. Bien que les tarifs de référence anticipés par le gouvernement s’établissent à une moyenne de 114 euros/MWh pour les trois prochains mois, une augmentation de 8 euros de la taxe annule les potentielles baisses pour les consommateurs. Les foyers ayant choisi une offre à prix fixe devront supporter ce surcoût, ce qui représenterait en moyenne 88 euros supplémentaires par an pour un ménage français consommant entre 11 et 12 MWh de gaz en 2022. L’augmentation de la taxe était prévue depuis l’annonce de la fin du bouclier tarifaire en juillet, marquant également la cessation des aides instaurées dans le cadre de ce dispositif en 2021.

Gaz 2025

Prix de clôture du 03/01/2024 : 34,65 €/MWh

Variation depuis le 27/12/2023 :
-6,51 % 

Gaz 2026

Prix de clôture du 03/01/2024 :
30,93 €/MWh

Variation depuis le 27/12/2023 :
-5,37 %

Gaz 2027

Prix de clôture du 03/01/2024 : 27,35 €/MWh

Variation depuis le 27/12/2023 : -4,36 %

Pétrole : 

La semaine dernière, les prix du pétrole ont continué de baisser, apaisant le marché grâce au retour des navires pétroliers de grands armateurs en mer Rouge, malgré les tensions persistantes dans la région. La réduction des stocks de brut aux États-Unis, avec une diminution de 6,9 millions de barils la semaine dernière, n’a pas réussi à soutenir les cours. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février a chuté de 1,58%, à 78,39 dollars, tandis que le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain pour le même mois a plongé de 3,15%, à 71,77 dollars. Bien que des navires aient repris leurs trajets, les tensions ont persisté malgré les sanctions américaines contre les rebelles Houthis.

Ce mardi, les prix du pétrole ont connu une hausse significative à la suite de nouvelles attaques en mer Rouge, créant des tensions dans la région et forçant les armateurs et les compagnies pétrolières à contourner cette voie stratégique pour le commerce mondial. Le baril de Brent de la mer du Nord, livrable en mars, a augmenté de 2,1%, atteignant 78,64 dollars, tandis que son homologue américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en février, a enregistré une reprise de 2%, atteignant 73,06 dollars. Les attaques de rebelles Houthis du Yémen en mer Rouge perturbent le trafic maritime mondial depuis décembre, avec de surcroît l’annonce de l’armée américaine coulant trois bateaux des rebelles ce week-end. Ces incidents ont intensifié les inquiétudes quant à la stabilité du commerce de conteneurs, en particulier dans la mer Rouge et le canal de Suez, considérés comme des artères majeures du commerce mondial, selon une note de Stifel publiée le mois dernier.

D’autre part, l’Angola a décidé de se retirer de l’OPEP, marquant un coup dur pour le groupe de producteurs de pétrole mené par l’Arabie saoudite. Le ministre angolais du Pétrole, Diamantino Azevedo, a justifié cette décision en affirmant que l’OPEP ne servait plus les intérêts du pays. Depuis 2019, l’Angola n’a pas réussi à atteindre son quota de production fixé par l’OPEP. Le pays peine à remonter sa production depuis son pic de 2 millions de barils par jour en 2008 et prévoit de maintenir sa production actuelle jusqu’en 2024. Cette décision survient après que le bureau de Diamantino Azevedo a contesté la réduction du quota de production fixé par l’OPEP pour 2024 le mois dernier. Les exportations de pétrole et de gaz représentent environ 90% des exportations totales de l’Angola, et le pays cherche à réduire cette dépendance excessive face aux défis économiques actuels.

Brent

Prix de clôture du 03/01/2024 : 78,25 $/bbl

Variation depuis le 27/12/2023 :-1,76% 


Droits d’émission CO2 :  

Le calendrier des enchères de quotas de carbone de l’Union européenne (UE) prévoit une augmentation de 31 % du volume pour l’année 2024, selon les données publiées par l’EEX jeudi dernier. Plus de 677 millions d’unités d’allocations d’émission (EUA), excluant les quotas pour l’aviation (EUAA), seront mises aux enchères en 2024, par rapport aux plus de 518 millions d’EUA vendues aux enchères en 2023, comme indiqué dans le calendrier. Parallèlement, l’EEX prévoit de mettre aux enchères 6,7 millions d’EUAA, comparé à 5 millions d’EUAA en 2023. Bien que le nouveau calendrier d’enchères soit en accord avec les attentes du marché, il n’est pas conçu pour influencer significativement les prix, selon Stefan Feuchtinger, responsable de la recherche et de l’analyse chez Vertis. Il souligne également que le chiffre total de 684 millions, incluant les EUAA, publié dans le calendrier, ne reflète pas précisément la réalité, car il suppose aucune réduction des enchères due à la réserve de stabilité du marché (MSR) de septembre à décembre. En prenant en compte cette réduction potentielle de 76 millions, le volume d’enchères réel pour 2024 serait d’environ 608 millions, représentant une augmentation d’environ 84 millions par rapport à 2023.

CO2

Prix de clôture du 03/01/2024 : 77,35 €/t

Variation depuis le 27/12/2023 : -3,30 % 


­Charbon : 

Selon un rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la demande mondiale de charbon devrait atteindre un pic historique en 2023, dépassant les 8,5 milliards de tonnes, principalement en raison de la forte demande en Inde et en Chine, liée à la hausse de la demande énergétique et à une faible production hydroélectrique. Malgré une baisse d’environ 20% de l’utilisation du charbon dans l’Union européenne et aux États-Unis, la consommation mondiale devrait rester au-dessus de 8 milliards de tonnes pendant les trois prochaines années. La sortie du charbon ne devrait pas commencer avant 2026, date à laquelle les efforts accrus en matière d’énergies renouvelables pourraient réduire son utilisation de 2,3%. Le rapport souligne la nécessité d’une transition plus rapide pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat. La Chine devrait représenter plus de la moitié du développement mondial des énergies renouvelables au cours des prochaines années, influençant la demande de charbon dans le pays. La Chine, l’Inde et l’Asie du Sud-Est devraient représenter 75% de la consommation mondiale de charbon en 2023, contre 25% en 1990. Seules l’Inde et l’Asie du Sud-Est devraient voir une augmentation significative de l’utilisation du charbon au cours des trois prochaines années.

Charbon

Prix de clôture du 03/01/2024 : 95,12 $/t

Variation depuis le 27/12/2023 : -4,77 % 

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