Publié le 07/03/2024

Temps de lecture : 6 minutes

La Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC), aussi appelée stratégie nationale de développement à faible intensité de carbone, est la feuille de route de la France pour lutter contre le changement climatique. Elle précise les orientations pour faciliter la transition vers une économie durable, circulaire et à faible émission de carbone dans tous les secteurs d’activité.

Cette stratégie trace une trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre jusqu’en 2050, date butoir de l’objectif de neutralité carbone, tout en fixant des objectifs à court et moyen terme, matérialisés par des budgets carbones.

Instaurée en 2015 par la Loi de Transition Énergétique pour la Croissance Verte (LTECV), la SNBC a subi des révisions en 2018 et 2019 pour accroître ses objectifs de neutralité carbone. En 2020, elle a été soumise à une consultation publique et a été définitivement adoptée.

Atteindre la neutralité carbone en 2050

C’est quoi la neutralité carbone ?

La neutralité carbone est un état d’équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre (GES) d’origine humaine et leur retrait de l’atmosphère. Cet objectif implique de réduire drastiquement les émissions de GES tout en augmentant la capacité des puits de carbone naturels à les absorber.

Le changement climatique, causé par l’accumulation excessive de GES dans l’atmosphère, représente une menace colossale pour la planète. La neutralité carbone est considérée comme un impératif majeur pour contrer le réchauffement climatique et ses impacts néfastes.

Atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 représente un défi ambitieux pour la France. Et pour y parvenir, il est essentiel de se concentrer en priorité sur les secteurs les plus polluants en termes d’émissions de gaz à effet de serre. Notamment le transport, l’agriculture, l’industrie et le bâtiment.

La SNBC vise à réduire de moitié la consommation d’énergie et à diminuer les émissions non énergétiques de 38% dans le secteur agricole et de 60% dans l’industrie. De plus, elle prévoit d’augmenter et de sécuriser les puits de carbone, comme les sols, les forêts et les technologies de capture et de stockage du carbone, pour garantir un équilibre dans la neutralité carbone.

Réduire l’empreinte carbone des Français

La neutralité carbone s’obtient à une échelle nationale, tandis que la réduction de l’empreinte carbone s’opère à une échelle plus individuelle.

Pour réduire l’empreinte carbone des ménages français, la SNBC déploie plusieurs stratégies complémentaires :

  • Favoriser la production locale afin de diminuer l’impact carbone des produits consommés par les foyers.
  • Renforcer la tarification du carbone au niveau international pour encourager l’importation de produits plus écologiques.
  • Généraliser le calcul de l’empreinte carbone et afficher les bilans d’émissions sur les produits et services.
  • Sensibiliser la population à adopter une culture bas carbone essentielle pour atteindre la neutralité carbone à l’échelle nationale.

Le secteur des transports constitue la principale source d’émissions de gaz à effet de serre en France, représentant 31% des émissions nationales en 2019. La Stratégie Nationale Bas Carbone vise une réduction de 28% de ces émissions d’ici 2030 par rapport à 2015, avec une décarbonation quasi complète d’ici 2050. Pour y parvenir, la SNBC préconise le développement d’une mobilité bas carbone, le transfert modal vers des transports moins émetteurs, l’électrification du parc automobile, l’amélioration de la performance énergétique des véhicules et la décarbonation de l’énergie utilisée par les véhicules.

Le secteur du bâtiment, responsable de près de 18% des émissions nationales, vise une réduction de 49% de ses émissions d’ici 2030 par rapport à 2015, avec une décarbonation complète de sa consommation énergétique d’ici 2050. Pour cela, la SNBC envisage une accélération des rénovations de logements, une augmentation de la performance énergétique des bâtiments neufs et l’utilisation d’une énergie 100% décarbonée d’ici 2050.

Le secteur industriel, représentant 18% des émissions nationales, vise une réduction de 35% de ses émissions d’ici 2030 et de 81% d’ici 2050. La SNBC recommande d’accompagner les entreprises vers des systèmes de production bas carbone, de réduire voire supprimer les émissions des procédés industriels, d’améliorer l’efficacité énergétique et de maîtriser la demande en matières premières.

Le secteur de la production d’énergie, représentant 10% des émissions nationales, vise une réduction de 33% de ses émissions d’ici 2030 et une décarbonation quasi complète d’ici 2050. La SNBC mise sur la maîtrise de la demande, la décarbonation et la diversification du mix énergétique.

L‘agriculture et la sylviculture, représentant près de 19% des émissions nationales, visent une réduction de 46% de leurs émissions d’ici 2050. Les principales mesures incluent la réduction des émissions non énergétiques et l’utilisation généralisée d’énergies renouvelables.

Enfin, le secteur de la gestion des déchets, représentant 3% des émissions nationales, vise une réduction de 37% de ses émissions d’ici 2030 et de 66% d’ici 2050. Les orientations principales portent sur la réduction de la production de déchets et l’amélioration de leur collecte et gestion, notamment en favorisant la valorisation matière et énergétique.

Les objectifs de neutralité carbone fixés par la SNBC et l’Accord de Paris ne sont réalisables que si les entreprises y prennent part activement.

En tant que moteurs de l’économie française, les entreprises ont une responsabilité significative dans la réduction des émissions de carbone et jouent un rôle crucial dans la feuille de route de la décarbonation nationale. Au-delà de l’impact environnemental positif, s’engager dans la voie de la neutralité carbone constitue une composante essentielle de la démarche d’une entreprise.

Pour atteindre l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050, les entreprises doivent contribuer activement à la décarbonation. En s’engageant dès maintenant dans cette trajectoire, elles peuvent anticiper les réglementations futures. Les mesures concernant la consommation énergétique et l’empreinte carbone des entreprises évolueront dans les années à venir, imposant des objectifs plus stricts pour lutter efficacement contre le changement climatique.

Amélioration la rentabilité

La mise en œuvre d’une stratégie bas-carbone offre des avantages significatifs en termes de rentabilité. En effectuant leur bilan d’émissions de gaz à effet de serre (BEGES), les entreprises identifient des opportunités d’économies, améliorant ainsi leur Retour sur Investissement (ROI). Par exemple, en réduisant la consommation énergétique grâce à l’utilisation de sources d’énergie renouvelables, en minimisant le gaspillage, ou encore en optimisant les déplacements et les transports inutiles, les entreprises réduisent à la fois leurs coûts et leur empreinte carbone.

Différenciation sur le marché

Adopter une stratégie bas-carbone permet aux entreprises de se démarquer de leurs concurrents. En investissant dans des technologies propres et en démontrant un engagement envers la réduction des émissions de gaz à effet de serre, les entreprises acquièrent un avantage concurrentiel lors des appels d’offres. De plus, elles renforcent leur positionnement sur le marché en répondant à la demande croissante des consommateurs pour des produits et services respectueux de l’environnement.

Amélioration de l’image de marque

Être en phase avec la stratégie nationale bas carbone est un avantage pour la réputation de l’entreprise. Les investisseurs, les employés et les clients sont de plus en plus enclins à travailler avec des entreprises engagées dans la transition énergétique. Un engagement en faveur de la sobriété énergétique et de la réduction des émissions de GES renforce la transparence et l’attractivité de l’entreprise.

Une stratégie bas carbone passe par 3 grandes étapes :

1- Réaliser d’un bilan carbone à travers une évaluation détaillée des émissions de gaz à effet de serre, permettant ainsi de repérer des opportunités d’économies, telles que la réduction du gaspillage, des surconsommations ou des pratiques inefficaces.

Il est également crucial d’impliquer activement les fournisseurs de votre secteur d’activité. En effet, ces derniers sont responsables de 50 à 80% des émissions d’une entreprise. Il est donc nécessaire de leur demander avec précision les facteurs d’émission des produits et services qu’ils nous vendent.

2- Élaborer un plan d’action pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Ce plan permettra de superviser et de mettre en œuvre des mesures concrètes telles que l’optimisation des processus de production, la sélection préférentielle de fournisseurs en fonction de leur empreinte carbone, ou encore la promotion de pratiques logistiques plus durables.

3- Communiquer sur la stratégie bas carbone : plusieurs outils de communication sont disponibles pour permettre de mettre en avant ses actions :

  • Le rapport RSE, généralement publié annuellement, rend compte des initiatives en matière de responsabilité sociétale des entreprises mises en œuvre au sein de votre organisation.
  • À partir de 2024, la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), succédant à la DPEF, vise à renforcer la prise en compte des enjeux de développement durable dans la stratégie, la gouvernance et la gestion des risques des entreprises. Ce rapport fournira une analyse détaillée des données ESG de l’entreprise.
  • La publication des résultats du bilan carbone témoigne également de la transparence et permet à l’entreprise ainsi qu’à ses partenaires de suivre l’évolution de sa stratégie bas carbone au fil du temps. La labellisation des produits ou services est également un moyen efficace de mettre en avant l’engagement envers la neutralité carbone.

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