publié le 30/11/2023

Temps de lecture : 4 minutes

Aujourd’hui débute à Dubaï la 28ème COP de l’ONU, présidée par le Sultan Ahmed al-Jaber, également président de la compagnie nationale de pétrole des Émirats arabes unis. La “conférence des parties” de la Convention des Nations Unies sur le changement climatique est en principe l’occasion où les pays du monde s’engagent à lutter contre le changement climatique. Cette année, la COP a suscité de vives critiques et controverses avant même sa tenue.

Un président de la COP aux intérêts divergents

La présidence de Sultan Ahmed al-Jaber, également à la tête de la compagnie nationale de pétrole des Émirats arabes unis, a soulevé des inquiétudes quant à la neutralité des décisions prises lors de cet événement. Alors que la compagnie nationale annonce une augmentation de la production de sept milliards de barils de pétrole, cela semble être en contradiction directe avec les timides engagements environnementaux pris par les Émirats.

Une enquête de la BBC publiée ce lundi 27 novembre révèle également que Sultan al-Jaber est accusé d’avoir profité de sa nomination pour conclure des marchés dans les énergies fossiles avec différentes nations du monde entier. La coordinatrice des politiques chez Greenpeace International, Kaisa Kosonen, déclare ce lundi que le leader du sommet « devrait se concentrer sur le fait d’avancer sur des solutions climatiques de manière impartiale, pas sur des accords en coulisses qui alimentent la crise. C’est exactement le genre de conflit d’intérêts que nous craignions quand le directeur général d’une compagnie pétrolière a été nommé à ce poste. »

Débat autour du choix de Dubaï et les figures marquantes

Le choix du président n’est pas le seul point faisant débat sur cette COP28. L’idée même de choisir Dubaï comme lieu de la COP28 a suscité des critiques en raison des émissions de gaz à effet de serre associées à la production de pétrole dans les Émirats arabes unis. Les organisateurs anticipent cette année un rassemblement record de plus de 70 000 participants. Parmi les absences notables, celle de Joe Biden, qui a annoncé ne pas pouvoir s’y rendre en raison de son état de santé. Une autre absence est à relever : celle du Pape François, lui aussi pour raison de santé. Il devait être le premier pape à assister à une COP, et un discours était prévu le samedi 2 décembre lors de la 3ème journée de conférence. Le pape a fait de la protection de l’environnement une pierre angulaire de ses dix années de pontificat. A Dubaï, il devait mettre les pays face à leur responsabilité pour leur manque d’action face au changement climatique et chercher à les persuader de réduire considérablement leurs émissions de gaz à effet de serre. Il devait également jouer un rôle de fédération, et de médiation pour le rétablissement de la confiance entre les nations du sud, vulnérables au changement climatique, et les nations plus riches.

Des engagements climatiques insuffisants

Depuis la 1ère COP en 1995, les émissions annuelles de gaz à effet de serre ont considérablement augmenté, passant de 23 à 37 milliards de tonnes par an. Malgré l’ampleur du problème, les engagements pris lors de ces conférences sont chaque année insuffisantes, peu contraignants et parfois même peu réalistes. En cause ? Les décisions prises lors des COP doivent être approuvées à l’unanimité. Ainsi, le temps est gaspillé à discuter et négocier les termes exacts des traités. Cette année, Laurence Tubiana, présidente de Convention citoyenne pour la transition écologique, soutenue par de nombreux experts, demande une réforme du processus dans une lettre ouverte au secrétaire général de l’ONU.

Le débat crucial sur le fonds « pertes et dommages »

Lors de la COP27, les 196 pays réunis en Egypte étaient parvenus à un accord essentiel : le fonds « pertes et dommages », destiné à compenser financièrement les pays les plus pauvres qui subissent les conséquences du changement climatique. Les négociations ont depuis été source de vifs désaccords entre les pays. Réunis pour la 5ème et dernière fois le 6 novembre 2023, pour une négociation « de la dernière chance » avant la COP28, les nations sont parvenues à un accord fragile et incomplet, qui sera très probablement rediscuté lors de cette COP28. Parmi les points cruciaux, le montant du fond, les pays donateurs, et les pays bénéficiaires n’ont toujours pas été définis.

Les conséquences du changement climatique sur la santé humaine

La COP 28 dédie une journée aux conséquences du changement climatique sur la santé humaine, mettant en lumière les risques liés à la pollution de l’air, aux vagues de chaleur, aux impacts sur la santé mentale, et à l’augmentation des maladies infectieuses. La qualité de l’air, déjà critique avec 99% de la population mondiale exposée à des niveaux alarmants, est exacerbée par l’exploitation des énergies fossiles, engendrant des risques comparables à ceux du tabac et de l’alcool.

Les vagues de chaleur, responsables de 86 jours potentiellement mortels en 2022, affectent gravement les plus vulnérables, avec un risque de mortalité cinq fois plus élevé d’ici 2050. Le changement climatique impacte également la santé mentale, provoquant notamment l’écoanxiété chez les jeunes adultes, et accroît la probabilité d’épidémies de maladies infectieuses comme la dengue et le choléra.

L’Organisation Mondiale de la Santé souligne l’urgence de limiter la hausse moyenne de la température à 1,5°C, un objectif ambitieux de l’Accord de Paris. La COP 28 devient ainsi une tribune cruciale pour stimuler des actions concertées, favoriser l’innovation et forger des solutions collectives afin de contrer les impacts dévastateurs du changement climatique sur la santé humaine et de bâtir un avenir plus résilient.

Sources :

Tf1 : https://www.tf1info.fr/environnement-ecologie/cop-28-changement-rechauffement-climatique-chaleur-pollution-de-l-air-maladies-le-climat-deregle-nuit-gravement-a-la-sante-2277511.html

Euronews : https://fr.euronews.com/2023/11/27/cop-28-a-dubai-une-conference-sous-les-feux-de-la-critique

Radio France : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-biais-d-esther-duflo/cop-28-que-peut-on-en-attendre-2231638


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Sources :

Revolution Énergétique – La première fois que l’électricité a été stockée: https://www.revolution-energetique.com/dossiers/la-premiere-fois-que-lelectricite-a-ete-stockee/

Revolution Énergétique – Les 3 plus grands sites de stockage d’électricité du monde: https://www.revolution-energetique.com/les-3-plus-grands-sites-de-stockage-delectricite-du-monde/

Le Monde de l’Énergie – Stockage de l’électricité (January 12, 2021): https://www.lemondedelenergie.com/stockage-electricite/2021/01/12/