publié le 01/10/2025
Temps de lecture : 5 minutes
Les points importants
NUCLEAIRE
Entre ambitions industrielles et menaces sécuritaires persistantes
Le réacteur EPR de Flamanville connaît de nouveaux retards : alors que sa mise à pleine puissance était initialement attendue pour l’automne, son redémarrage effectif n’est désormais programmé que pour le 17 octobre, après des contrôles supplémentaires sur des soupapes d’étanchéité. EDF maintient cependant son objectif de montée en charge complète avant la fin de l’automne. Par ailleurs, sur le plan international, l’Iran a signé un contrat de 25 milliards de dollars avec la Russie pour la construction de quatre centrales nucléaires dans le sud du pays, marquant un renforcement de la coopération dans un contexte géopolitique tendu. En parallèle, la centrale de Zaporijia, en Ukraine, reste un point focal de risques : exposée aux interruptions des lignes électriques, elle pourrait voir ses systèmes de sécurité compromis en cas de coupure, ravivant les craintes d’un accident nucléaire dans un pays déjà fragilisé par la guerre.
Les marchés de l’énergie
Électricité
Prix annuels français au plus bas
Les prix annuels (CAL) en France évoluent à des niveaux historiquement bas, désormais inférieurs aux prix espagnols. Cette semaine, les contrats à terme sur l’électricité ont reculé. Le marché demeure globalement stable, les tensions géopolitiques semblant s’atténuer, et le contrat français pour livraison en 2026 a perdu environ 2 %, à 56,63 €/MWh.
Demande en hausse et réseaux sous tension
Les prix spot de l’électricité en Allemagne montent sous l’effet d’une demande accrue et du recul des températures, ce qui contraint les opérateurs à recourir aux sources les plus coûteuses. Dans le même temps, la Commission de régulation de l’énergie française a lancé une consultation publique sur le schéma décennal de développement du réseau de RTE, soulignant les défis à venir en matière d’infrastructures et d’adaptabilité du réseau. Sur un autre front géographique, une vaste panne a privé 2,3 millions de personnes d’électricité dans le sud-est du Mexique, révélant la fragilité des systèmes de distribution en cas d’incident majeur.
Le marché journalier bascule à 15 minutes : précision accrue et signal prix renforcé
Le passage au pas de 15 minutes a été mis en place ce 30 septembre 2025 sur les marchés journaliers. Techniquement, cette évolution permet un meilleur suivi de l’équilibre entre production et consommation et facilite l’intégration des énergies renouvelables, dont la production est plus variable. Économiquement, elle offre un signal prix plus précis et dynamique, incitant les acteurs à ajuster leurs positions en temps réel et améliorant l’efficacité du marché européen interconnecté.
Baseload 2026
Prix de clôture du 30/09/2025 :
55,78 €/MWh
Variation depuis le 23/09/2025 :
-3,43%
Baseload 2027
Prix de clôture du 30/09/2025 :
57,63 €/MWh
Variation depuis le 23/09/2025 :
-0,50%
Baseload 2028
Prix de clôture du 30/09/2025 :
61,18 €/MWh
Variation depuis le 23/09/2025 :
-0,31%
Baseload 2029
Prix de clôture du 30/09/2025 :
65,50 €/MWh
Variation depuis le 23/09/2025 :
-2,79%
Peakload 2026
Prix de clôture du 30/09/2025 :
76,17 €/MWh
Variation depuis le 23/09/2025 :
-3,81%
Peakload 2027
Prix de clôture du 30/09/2025 :
66,77 €/MWh
Variation depuis le 23/09/2025 :
-1,23%
Peakload 2028
Prix de clôture du 30/09/2025 : 82,67 €/MWh
Variation depuis le 23/09/2025 :
-1,45%
Peakload 2029
Prix de clôture du 30/09/2025 :
86,54 €/MWh
Variation depuis le 23/09/2025 : -2,06%
Gaz :
Stabilité fragile entre offre renforcée et aléas climatiques
Les prix du gaz en Europe se maintiennent pour l’instant dans une fourchette stable, portés par la hausse de l’offre norvégienne qui compense le léger refroidissement attendu dans certaines zones. En effet, la reprise des exportations scandinaves joue un rôle tampon face à une demande hivernale potentielle. Toutefois, ce calme apparent contraste avec un événement local marquant : l’explosion d’un gazoduc près de Saint-Rémy-de-Provence a privé environ 11 000 foyers de chauffage et d’eau chaude, rappelant la vulnérabilité des infrastructures. Ce type d’incident, bien qu’isolé, peut peser psychologiquement sur le marché régional du gaz. D’autre part, les prévisions météo annoncent une baisse des températures sur la côte est des États-Unis, ce qui pourrait relancer les importations de GNL et redonner du souffle à la volatilité mondiale.
Gaz 2026
Prix de clôture du 30/09/2025 :
31,12 €/MWh
Variation depuis le 23/09/2025 :
-2,78%
Gaz 2027
Prix de clôture du 30/09/2025 : 29,07 €/MWh
Variation depuis le 23/09/2025 :
-1,84%
Gaz 2028
Prix de clôture du 30/09/2025 :
26,46 €/MWh
Variation depuis le 23/09/2025 :
-1,27%
Gaz 2029
Prix de clôture du 30/09/2025 :
24,55 €/MWh
Variation depuis le 23/09/2025 :
-0,71%
Pétrole :
Excès d’offre et incertitudes géopolitiques sur le marché
Les cours du pétrole se replient ce début de semaine, sous la double pression de la reprise des exportations kurdes et des projets d’augmentation de production de l’OPEP+. Après une interruption de plus de deux ans, l’Irak a renoué avec l’exportation de brut issu du Kurdistan, impliquant un flux attendu de près de 200 000 barils par jour, voire davantage à terme. Ce retour d’offre sur le marché exerce une pression baissière. Parallèlement, l’OPEP+ envisagerait une nouvelle hausse de sa production dès novembre, alimentant les craintes d’un excès d’offre mondial. Dans ce contexte, BP a approuvé un projet de forage offshore de 5 milliards de dollars dans le golfe du Mexique, illustrant la volonté de sécuriser des réserves additionnelles dans un environnement volatil. Si le marché redoute un excédent, il reste néanmoins sensible aux aléas géopolitiques, notamment les tensions persistantes au Moyen-Orient et les perturbations sur les exportations russes.
Prix de clôture du 30/09/2025 : 65,62 $/bbl
Variation depuis le 23/09/2025 : -1,32%
Charbon :
Une production en 2030 hors trajectoires climatiques
Un rapport publié le 22 septembre révèle que la production mondiale de charbon prévue pour 2030 dépasse largement les objectifs climatiques de l’Accord de Paris. Les projections actuelles indiquent une production de charbon 500 % supérieure à ce qui serait compatible avec une limitation du réchauffement à 1,5 °C, et 330 % au-dessus de la trajectoire pour un réchauffement limité à 2 °C. Cette tendance s’inscrit dans un contexte où la production totale d’énergies fossiles serait supérieure de 120 % à ce qui est compatible avec un réchauffement de 1,5 °C, et de 77 % pour un réchauffement de 2 °C. Malgré les engagements internationaux, les pays producteurs continuent d’investir massivement dans de nouvelles capacités de production de charbon, notamment en Chine, aux États-Unis et au Brésil. Cette situation soulève des inquiétudes quant à la possibilité d’atteindre les objectifs climatiques mondiaux et souligne la nécessité d’une action plus ambitieuse pour réduire la dépendance aux énergies fossiles.
Prix de clôture du 30/09/2025 : 101,58 $/t
Variation depuis le 23/09/2025 : -0,33%
CO2 :
Entre ambitions climatiques limitées et intégrité contestée
L’Union européenne est actuellement en débat sur l’intégration des crédits carbone internationaux dans son marché carbone. Certains craignent que cela n’affaiblisse l’intégrité du système ETS en diluant les incitations locales à la réduction des émissions. Parallèlement, la Commission propose d’autoriser l’utilisation de ces crédits à partir de 2036 à hauteur de 3 % des émissions de 1990, mais en excluant leur inclusion directe dans le ETS pour l’instant. Sur le plan géopolitique, la Chine a présenté des objectifs climatiques modestes pour 2035, en proposant une réduction de ses émissions de 7 à 10 % par rapport à leur pic futur, ce qui suscite des critiques de la communauté scientifique qui juge ce niveau insuffisant pour respecter les ambitions de l’Accord de Paris. En adoptant des cibles peu contraignantes tout en continuant de déployer massivement des capacités de production à charbon, Pékin envoie un signal ambigu : celui d’un engagement partiel, mais sans rupture radicale.
Prix de clôture du 30/09/2025 : 75,74 €/t
Variation depuis le 23/09/2025 : -1,39%
Energies renouvelables :
L’Europe accélère sa transition avec le solaire et l’éolien
Le Danemark continue de se distinguer comme un leader européen de la transition énergétique. En 2023, il a produit plus de la moitié de son électricité à partir de sources renouvelables, principalement grâce à l’éolien et aux biocarburants. Cette performance s’inscrit dans une politique ambitieuse visant à éliminer les énergies fossiles d’ici 2050. Le pays a également renforcé sa coopération énergétique avec la France, partageant des objectifs communs de réduction des émissions et de neutralité carbone. Parallèlement, l’Union européenne a enregistré un tournant majeur en juin 2025, avec l’énergie solaire devenant pour la première fois la principale source d’électricité, représentant 22,1 % du mix énergétique, devant le nucléaire (21,8 %). Cette évolution est le fruit d’une augmentation continue des capacités photovoltaïques, soutenues par des politiques favorables et des conditions météorologiques propices. En revanche, la part du charbon a chuté à 6,1 %, un niveau historiquement bas, illustrant la transition progressive vers des sources d’énergie plus durables.
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