L’actualité sur les marchés de l’énergie – 06/08/2025

Les points importants

NUCLEAIRE 

Relance ambitieuse et retards techniques pour une filière nucléaire sous pression

Le gouvernement a confirmé sa volonté de relancer la filière nucléaire avec la construction de six nouveaux réacteurs EPR2 d’ici 2038 et envisage même huit réacteurs supplémentaires à l’horizon 2050. En parallèle, la CRE a donné un avis favorable à un décret visant à encadrer l’évaluation des coûts complets de production nucléaire, afin d’apporter plus de transparence sur la rentabilité du parc existant. Toutefois, la filière reste confrontée à des défis techniques : l’EPR de Flamanville, censé être pleinement opérationnel cet été, ne pourra atteindre sa pleine puissance qu’à l’automne en raison d’une opération de maintenance sur plusieurs soupapes du circuit primaire. Ce retard illustre les difficultés d’exécution persistantes, alors même que le nucléaire est appelé à jouer un rôle clé dans l’atteinte des objectifs de décarbonation et de souveraineté énergétique.

Les marchés de l’énergie

---

Électricité

Innovation, modernisation forcée et pression fiscale rythment l’actualité électrique

Une grande avancée pourrait émerger dans le paysage électrique grâce aux éoliennes aéroportées, des gigantesques cerfs-volants générant de l’électricité en altitude, où le vent est plus fort et plus constant. Ces dispositifs captent l’énergie via des trajectoires en huit qui actionnent un générateur au sol, réduisant l’usage de matériaux lourds tout en optimisant le rendement. Parallèlement, à compter du 1er août 2025, les utilisateurs non équipés de compteur Linky devront s’acquitter d’une facturation additionnelle de 6,48 euros tous les deux mois, majorée de 4,14 euros s’ils ne transmettent aucun index annuel. Cette mesure vise à couvrir les frais de relève et à inciter les foyers à adopter des pratiques plus modernes. Enfin, la hausse de la TVA sur l’abonnement à l’électricité aura un impact supplémentaire sur les factures, en particulier pour les petits consommateurs.

Gaz : 

Stabilité des prix du gaz grâce à un stockage élevé et un approvisionnement renforcé

Les prix du gaz en Europe sont restés globalement stables, soutenus par des niveaux élevés de stockage (proches de 70 %) et des flux importants en provenance de la Norvège, malgré un contexte géopolitique tendu. La reprise de l’activité à l’usine norvégienne Hammerfest LNG et les livraisons quotidiennes de 339 millions de m³ ont renforcé l’approvisionnement, apaisant ainsi les marchés après une hausse des prix de 11 % la semaine précédente. L’Union européenne reste sur la bonne voie pour atteindre son objectif de remplissage à 90 % avant l’hiver, grâce à des règles désormais plus flexibles. Toutefois, des incertitudes subsistent, notamment en lien avec les températures élevées attendues en Europe et en Asie, qui pourraient perturber les injections, ainsi que les tensions commerciales avec les États-Unis et l’évolution du conflit en Ukraine.

TVA en hausse et tensions climatiques pèsent sur le marché du gaz naturel

À partir du 1er août 2025, les factures de gaz et de l’électricité vont augmenter en raison du relèvement de la TVA sur l’abonnement, passant de 5,5 % à 20 %, une mesure imposée par l’Union européenne. Cette hausse pèsera davantage sur les petits consommateurs, avec une augmentation pouvant atteindre en moyenne les 5,6 %.

Pétrole : 

Hausse de l’offre et découverte majeure redessinent l’équilibre du marché pétrolier

Le marché pétrolier connaît actuellement une dynamique contrastée. Les prix du brut ont récemment reculé, le Brent perdant 1,15 % à 86,07 USD et le WTI 1,22 % à 81,71 USD, en réaction à l’annonce de l’OPEP+ d’augmenter sa production de 547 000 barils par jour en septembre. Cette hausse vise à répondre à la demande mondiale croissante. Parallèlement, BP a révélé avoir fait une découverte majeure de pétrole au large du Brésil, dans le bassin de Santos, son plus grand gisement depuis 25 ans. Cette zone riche en hydrocarbures pourrait renforcer considérablement la production future du groupe britannique, qui vise entre 2,3 et 2,5 millions de barils par jour d’ici 2030.

Prix de clôture du 05/08/2025 : 66,49 $/bbl

Variation depuis le 29/07/2025 : +6,29%

Charbon :

Tensions géopolitiques et chute des marges fragilisent le marché du charbon

L’Union européenne a récemment autorisé le transit de charbon kazakh via des ports russes, malgré les sanctions actuellement en vigueur contre la Russie : les cargaisons doivent seulement passer par ces ports comme points logistiques intermédiaires, sans stockage ni vente sur place. Cette mesure vise à préserver la sécurité énergétique de certains pays tiers sans enfreindre les régulations existantes. Pendant ce temps, l’industrie charbonnière russe, longtemps bénéficiaire grâce à ses exportations vers l’Asie, est aujourd’hui fragilisée par des sanctions accrues, des infrastructures déficientes et des marges en forte érosion. Sur le plan des prix, les barils de charbon thermique sont cotés autour de 115 USD par tonne début août 2025, soit une stabilité relative après des mois de baisse. Le charbon métallurgique, quant à lui, affiche une chute drastique à environ 183 USD la tonne en juillet, près de 73 % en dessous de ses sommets de 2022.

Prix de clôture du 22/07/2025 : 111,68 $/t

Variation depuis le 01/07/2025 : -1,52%

CO2 :

Objectifs climatiques ambitieux et vigilance sur l’intégrité des crédits carbone

Le marché européen des crédits carbone connaît une dynamique contrastée. Les prix des quotas d’émission se stabilisent autour de 70 €/tonne en raison d’une demande modérée et de pressions géopolitiques, notamment les incertitudes liées aux tarifs commerciaux américains. Néanmoins, la Commission européenne a proposé un objectif de réduction des émissions de 90 % d’ici 2040 par rapport à 1990, avec la possibilité d’intégrer jusqu’à 3 % de crédits carbone internationaux à compter de 2036. Cette flexibilité vise à soutenir les industries tout en maintenant l’ambition climatique. Cependant, des experts soulignent que l’introduction de crédits internationaux pourrait affaiblir l’intégrité environnementale du système, rappelant les précédents échecs liés à l’utilisation de crédits externes.

Prix de clôture du 05/08/2025 : 71,58 €/t

Variation depuis le 29/07/2025 : -2,05%

Energies renouvelables :

Ambitions régionales fortes et croissance mondiale soutenue

La Guyane a pour objectif d’atteindre une production électrique 100 % décarbonée d’ici 2027, portée par une méga-centrale biomasse de 120 MW prévue pour 2026, alimentée par des biocarburants importés, remplaçant progressivement les centrales thermiques. Le solaire y représente déjà environ un tiers du mix électrique, avec un objectif de montée à 150 MW d’ici 2028. Pendant ce temps au Portugal, les énergies renouvelables ont couvert 77 % de la demande électrique au premier semestre 2025, tirées par l’hydroélectricité (36 %) et l’éolien (26 %), suivies du solaire (11 %) et de la biomasse (5 %). Cette performance positionne le pays parmi les plus avancés d’Europe. Par ailleurs, à l’échelle mondiale, la croissance rapide du solaire et de l’éolien a permis aux énergies bas carbone de dépasser les 40 % de la production électrique mondiale en 2024, bien que des investissements dans les réseaux et les capacités de stockage restent nécessaires pour garantir stabilité et résilience.

Articles les plus récents